Le Budō ?
En japonais, "bu" signifie la guerre et "do" la voie.
Nous pourrions donc le traduire par "la voie du guerrier". Les Budō sont les arts martiaux japonais apparus entre le milieu du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle. Les budō les plus connus en France sont le Karate-do, l’Aïkido, le Kendo et le Judo.
Les techniques guerrières (Bujutsu) développées durant le Moyen-Âge japonais ont évolué en parallèle à trois phénomènes :
- L’arrivée des armes à feu, rendant caduques un certain nombre de conceptions de la guerre ; les armes à feu (teppô) sont arrivées vers la fin du XIVe siècle de Chine mais leur utilisation est
restée très limitée (essentiellement utilisées par les clans Hôjô et Takeda) ; ce sont les portugais, arrivés au milieu du
XVIe siècle, qui vont répandre les fusils, de bien meilleure qualité ;
- Deux siècles de paix interne de l’ère Edo, durant lesquelles les techniques guerrières se détournent du combat de
masse et évoluent vers le raffinement et les duels ;
- L’ère Meiji, qui vit la disparition du système féodal et notamment de la caste des guerriers (bushi et buke, que l’on
nomme maintenant samouraï).
les techniques guerrières dans un rôle éducatif
Vers le milieu du XIXe siècle, des hommes (notamment Morihei Ueshiba, Jigoro Kano, et Gichin Funakoshi) prennent conscience que, loin d’être devenues inutiles, les techniques guerrières avaient encore un rôle éducatif. C’est ainsi que les jutsu (techniques) sont devenus des do (voies) : le kenjutsu (escrime) laissa sa place au kendo, le jujutsu (techniques de souplesse) donna naissance au judo et à l’aïkido, les techniques de boxe d’Okinawa donnèrent le karate-do, le kyujutsu donna naissance au kyudo (tir à l’arc zen)...
Dans leur forme originelle, les budō sont empreints de bouddhisme zen, de taoïsme et de shintoïsme (religion animiste traditionnelle).
A la fois en raison de leurs origines : les écoles, ou ryu, basaient leurs techniques sur des principes secrets (mikkyo) et des principes profonds (okuden) mystiques : importance de l’énergie vitale (ki), de la respiration (kokyu), du ventre (hara) qui est le siège du centre des énergies (seika tanden)...
Mais aussi en raison de la volonté de leurs créateurs d’éduquer les jeunes aux valeurs traditionnelles et de non-violence.
Concepts communs aux budō
Chaque budō est différent. Toutefois, ils sont tous globalement issus de la même culture et ils ont tous en commun la recherche de l'efficacité martiale ; les mêmes causes entraînant les mêmes effets, mêmes si les formes varient.
Le concept le plus difficile à saisir pour un européen est sans doute celui de vide (le vide est un des cinq éléments de la tradition japonaise). “La vacuité” dans
les budo peut se vulgariser par les notions suivantes :
- non-pensée : ne pas se troubler l’esprit pour ne pas déformer sa perception du monde, oublier la peur pour combattre efficacement ; l’esprit est similaire à un lac reflétant le
ciel, s’il est agité par les émotions, il déforme l’image perçue, d’où l’expression "mizu no kokoro"(le cœur semblable à l’eau)
- non-action : ne pas s’opposer à l’attaque mais la guider, percevoir l’intention de l’adversaire sans laisser paraître ses propres intentions ; ainsi l’attaque est maîtrisée au
moment même où l’adversaire la formule dans son esprit, l’action se termine avant d’avoir commencé.
Cette dimension a dans certains cas totalement été mise de côté, notamment avec le judo de compétition et le karaté full-contact. Dans certains cas, elle est au contraire fortement mise
en avant encore de nos jours, notamment dans l’Aïkido, le Kendo, l’Iaïdo et le Kyudo.