Les grades et ceintures

Traditionnellement, les grades sont attribués à un pratiquant et permettent d'évaluer son niveau technique, son efficacité, son ancienneté, son investissement dans la pratique et ses qualités morales. Sans un respect minimum de ces règles, aucun élève ne devrait pouvoir prétendre à l'obtention d'un grade.

L'évolution des débutants se matérialise par le port de la ceinture blanche, de leurs premiers pas sur le tatami jusqu'à l'obtention du 1er Kyu et de la ceinture noire à partir du 1er Dan. Le 1er Dan (shodan) signifie que l'élève a assimilé et maitrise les connaissances et techniques de bases lui permettant de travailler son art avec une certaine compréhension de celui-ci. Le 1er Dan marque donc la première étape de l'apprentissage. Il ne fait pas de l'élève un expert, comme on se plait à le croire ou à le laisser croire trop souvent en Occident. Ce procédé gomme tout esprit de compétition (course à la ceinture de couleur) et reste donc en adéquation avec la Voie.

Les passages de grades

La méthode japonaise traditionnelle d'apprentissage relève de l’intuitif : pas vraiment d’explication, une démonstration de la technique à réaliser et une mise en application immédiate.

Pour les grades, c'était le même état d’esprit : à l'origine, pas de passage de grades, seul le professeur décidait de l’attribution d'un grade à un élève en fonction des évolutions et efforts qu’il aura constaté chez celui-ci au fil du temps.

La dérive occidentale

Gunji Koizumi
Gunji Koizumi

Vers la fin des années 20, à Londres, le centre européen de Judo, dirigé par Maître Gunji Koizumi, élabore partiellement un système de couleur pour les Kyu. Ce système sera ensuite repris et "perfectionné" par Maître Kawaishi Mikinosuke installé en France. Les ceintures de couleur, correspondent aux grades intermédiaires entre les premiers pas du débutant et la ceinture noire, elles n'existaient pas dans les arts martiaux japonais.

Ces ceintures sont apparues plus adaptées à la "mentalité occidentale" où les pratiquants supportent mal de rester "au même niveau" pendant plusieurs années sans acter visuellement d’une progression intermédiaire.

Mikinosuke Kawaishi
Mikinosuke Kawaishi

 L’élève se voit donc proposer des passages de grades au sein de son dojo à des fréquences variables. Ces passages de grades permettent successivement de porter la ceinture jaune, orange, verte, bleue, et marron... Dans certaines disciplines, on va même jusqu’à proposer encore des ceintures intermédiaires à celles-ci...

Cette pratique n’a en réalité rien à voir avec ce qui se fait traditionnellement au Japon. Elle correspond à ce qu’on appelle "la méthode Kawaishi ".

Les Dan

Pour les passages de Dan, les déroulements diffèrent suivant les spécificités de la discipline pratiquée. Ils peuvent comporter une partie purement "technique" (kata) et une partie "pratique" (combat). Quoi qu’il en soit, ces passages de grades sont organisés par les différentes fédérations. Elles organisent des jurys composés de membres ayant suivi une formation de juge, ces membres doivent détenir un grade supérieur à celui des candidats supervisés et devraient théoriquement être reconnus pour leurs qualités et capacités dans la discipline visée.

Proposition de critères établis par Nobuyoshi Tamura Senseï
pour les passages de Dan dans le cadre de l'Aïkido.
Dan - Aikido.pdf
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Grades fédéraux, grades japonais, mais aussi… Menkyo

Les arts martiaux japonais ont aussi leur propre classification interne.

Le système de grades Menkyo est celui qui était utilisé par les écoles d'arts martiaux au Japon avant l'adoption du système Kyu/Dan. Il est encore utilisé par certaines écoles et parfois en parallèle avec le système Kyu/Dan.

- Deshi : Disciple de l'école.

- Uchi deshi : Disciple interne de l'école, c'est-à-dire vivant au dojo. Souvent un uchi deshi s'occupe de tâches ménagères et d'autres petits travaux en contrepartie de l'enseignement qu'il reçoit.

- Renshi : Disciple avancé de l'école.

- Kyoshi : Instructeur de l'école.

- Hanshi : Maître d'armes de l'école.

- Shihan : Grand maître de l'école (dans la plupart des écoles le titre de shihan ne peut être obtenu qu'à partir du 8e Dan).

- Menkyo kaiden : Diplôme très rare décerné à l'élève qui connaît tout l'enseignement de l'école y compris tous les enseignements secrets.

 

Cette progression se doit aussi de respecter les principes qui fondent la pratique d’un art martial : Shin Ghi Taï.

L’un des titres ci-dessus est censé attester d’une efficacité irréversible du pratiquant qui progresse dans la Voie.


Shin-gi-tai:
un triptyque, un triangle qui appelle à la réflexion, décryptage...
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